Il y a un endroit incroyable à Bruxelles où tout est circulaire et durable, un lieu, un espace où l’on trouve tout ce qu’on veut, des cosmétiques aux bouquins, en passant par les fringues, la papeterie et la décoration.
Et tout est durable et circulaire ?
Et bien oui, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Absolument tout et c’est l’idée justement.
Mais quel est cet endroit ? Ou est-ce, Lively, dis-nous ?
Comment ça ? Vous ne savez pas ?
Bon d’accord.
Le premier et le plus grand espace à Bruxelles dédié aux produits circulaires pour tous. Et des pionniers en la matière.
The Place to Know. The Place to Go.
Et, pour nous parler de ce projet incontournable à Bruxelles, nous avons eu le plaisir de rencontrer Christel Droogmans, l’une des fondatrices, qui nous a aussi raconté son étonnant parcours.

Tout est là
L’un des atouts des grandes surfaces traditionnelles, c’est évidemment qu’on y trouve quasiment tout ce dont on a besoin et il faut reconnaître que ça peut être assez pratique.
Le problème évidemment, c’est qu’au niveau environnemental et sociétal, c’est souvent très contestable, et pour des consommatrices et consommateurs averti·e·s et engagé·e·s comme nous, c’est assez embêtant.
Entre suremballages, plastiques jetables et produits fabriqués on ne sait où, c’est difficile d’avoir la conscience tranquille.
Mais c’est vrai aussi que faire le tour de la ville et des petites boutiques pour trouver les bons et gentils produits, ça demande du temps qu’on n’a pas toujours.
Alors que faire ?
Facile, on va chez Yuman !

Parce que c’est justement l’idée maitresse du truc. C’est bien ça, Christel ?
« Tout à fait. Yuman, c’est vraiment un projet qui a pour objectif de faciliter un mode de vie circulaire et solidaire pour le plus grand nombre.
Et c’est bien pour ça qu’on l’a créé, pour proposer en un seul lieu un maximum de produits issus de l’économie circulaire et solidaire, en sachant qu’on propose aussi des solutions.
Parce que Yuman, ce ne sont pas que des produits à vendre, ça peut aussi être des solutions de location de matériel, par exemple.
On est aussi attentifs, chez Yuman, à promouvoir des entrepreneurs locaux, belges et bruxellois, tout ceux qui sont prêts à s’éloigner de l’économie linéaire, des entrepreneurs à impact, en fait ! ».
Et voilà, tout est dit.

Et, en plus, le petit truc du connaisseur :
Chez Yuman, on ne trouve pas de produits alimentaires mais, juste en face, il y a le The Barn Bio Market. Donc vraiment, on a tout sous la main pour le shopping de la semaine.
Et, du coup, pour vous faire une idée de tout ce qu’on trouve chez Yuman, on vous conseille d’aller jeter un œil à l’e-shop, en sachant que le mieux, c’est évidemment d’y aller parce qu’en plus, c’est sacrément bien présenté.
Et, du coup, un petit scoop de Christel : Yuman prévoit l’ouverture d’un nouveau magasin dans les mois à venir, plutôt dans à l’est de Bruxelles, du côté de Woluwe, Schaarbeek ou Etterbeek.
Toujours bon à savoir. Et sûr qu’en vous inscrivant sur la Newsletter Yumag, ou en suivant la page Facebook, vous serez les premiers avertis.
Soigneusement sélectionnés
Ce qu’il y a aussi de super chez Yuman, c’est qu’on y trouve tous les produits des acteurs bruxellois de l’économie circulaire, quasiment tout ce qui se fait d’intéressant dans notre belle ville est proposé dans ce vaste espace sympathique.
Mais évidemment, les puristes que nous sommes sont curieux de savoir comment ces produits sont sélectionnés.
Parce que, quand même, c’est important.
Et, je dois dire que c’est bien réfléchi.
« C’est essentiel, bien sûr. Et c’est pour ça qu’on a créé une charte qui explique justement sur quelles bases on sélectionne nos produits. Et cette charte reprend en premier lieu les critères de l’économie circulaire dans chacune de ses étapes.
Il y a tout d’abord des critères relatifs à la phase de conception du produit, les matières utilisées, son degré d’écoconception, etc.
Puis, il y a des questions relatives à l’utilisation. Est-ce que le produit est prévu pour être réutilisé plusieurs fois ? Est-ce qu’on est dans la seconde main ? Est-ce qu’on est dans un système de location ?
Et, enfin bien sûr, nous regardons le niveau de revalorisation du produit, qui est la dernière phase du système.
Ces aspects circulaires, ce sont les plus importants de notre charte. Mais il y en a d’autres.
Nous regardons, en effet, aussi l’origine du produit, son lieu de production. Pour chacun des produits qu’on propose, on essaie toujours de trouver les solutions de production les plus proches.
Donc dès qu’on trouve une alternative plus proche pour un produit, on opte pour cette alternative.

à partir de pièces de babyfoot / kicker. Un véritable Must Have.
Et, enfin, il y a une troisième dimension dans notre approche qui est la prise en compte des questions sociales, notamment tout ce qui concerne la prise en compte de l’inclusion dans la production et, évidemment, les conditions de travail qui doivent être les meilleures possible.
Donc ça, ce sont vraiment les trois dimensions de la charte Yuman. La première dimension, c’est la dimension économie circulaire. La deuxième dimension, c’est le lieu de production. Et la troisième, c’est la dimension sociale ».
Welcome Circular
Du coup, si vous aussi, vous avez des idées de production circulaire et durable, vous êtes évidemment les bienvenu·e·s pour les présenter à Christel et son équipe.
Mais, concrètement, ça se passe comment ?
« On est toujours intéressés de rencontrer de nouveaux partenaires potentiels, bien sûr.
Il y a, tout d’abord, le respect des critères de notre charte, parce que c’est important de savoir quelles cases de l’économie circulaire le produit coche, en sachant qu’évidemment ce ne sera jamais toutes les cases.
Et puis, on a quand même aussi des critères esthétiques, le fait est qu’on va avoir quelques réticences à vendre quelque chose qu’on ne trouve pas beau même si tout ceci est évidemment assez relatif. Mais de façon générale, on essaie vraiment d’être très ouverts, de donner toutes leurs chances aux produits circulaires, surtout s’ils sont bruxellois.
Enfin, on a fait le choix de ne pas proposer de créations artisanales pures. On estime qu’il y a suffisamment d’acteurs et de projets à Bruxelles qui les proposent ».
Ça c’est vrai que l’offre en la matière est là, et bien là. Chez Orybany, par exemple.
Qui plus est, parce que Yuman et ses fournisseurs, c’est une affaire de cœur, Christel et Quentin ont lancé un nouveau dispositif, utile et futé.
« En fait, on s’est rendu compte l’année passée que certains de nos partenaires avaient des difficultés de sourcing.
On s’est alors demandé s’il était possible de développer de véritables boucles circulaires au bénéfice de notre communauté. C’est comme ça qu’on eu l’idée d’installer toute une série de bacs de collecte dédiés à des matières premières spécifiques ou des types d’objets bien précis que nos partenaires pourront réutiliser pour leur production.
Et la communauté a tout de suite adhéré à ce concept. On a d’ailleurs fait très récemment une petite enquête à ce sujet et le fait est que pour certains, c’est vraiment très utile.
Et au final, c’est vraiment un cercle vertueux dans lequel la communauté contribue par ces dépôts dans les bacs à permettre à des entrepreneurs de fabriquer de nouveaux produits qui sont après revendus chez nous.
On a ainsi de vraies boucles circulaires complètes ».

Pour des boucles circulaires globales.
Projet de vie
L’histoire de Yuman, qui fête ses deux ans cette année, c’est aussi celle de ses fondateurs, Christel Droogmans et Quentin de Crombrugghe.
Et leur histoire à eux est tout aussi étonnante et inspirante.

Parce qu’en termes de changement de projet de vie, ce fut assez radical et, oserais-je dire, courageux.
Tu nous racontes, Christel ?
« En fait, j’ai longtemps eu un parcours assez classique. Après mes études en sciences économiques, j’ai été engagée dans une grande banque belge où j’ai d’abord été management trainee. J’y ai fait une belle carrière, vraiment. J’ai notamment été responsable du réseau d’agences à Bruxelles.
Au fil du temps, l’entreprise a évolué et ne correspondait plus à mes valeurs. C’était perturbant pour moi.
Parce que quand tu occupes une fonction à responsabilité, inévitablement tu dois suivre la stratégie de l’entreprise.
Et ça ne me convenait plus.
J’ai alors rejoint une compagnie d’assurances mais, au final, c’était le même chose ».
Ça, c’est vrai qu’on est nombreux à avoir connu ou à connaître ce tiraillement.
Entre doutes et confort de vie d’un côté, et envie de changer pour suivre ses rêves et son éthique avec toutes les incertitudes que cela implique de l’autre, c’est souvent difficile à vivre. Quelque chose comme une boule à l’estomac qu’on n’arrive pas à digérer….
Ça a été quoi, le déclic, pour toi ?
« C’est d’abord un cheminement intérieur, progressif. Et puis, nous sommes allés en famille voir le film Demain et ça a vraiment été un déclencheur pour moi.
Je me suis rendu compte que j’avais vraiment envie de mettre mon énergie dans la construction de la société dans laquelle j’ai envie de vivre.
Et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à réfléchir : Oui, d’accord, mais pour faire quoi ?
Et dans le même temps, la société pour laquelle je travaillais a été revendue suite gros problèmes financiers. Et ça a été un Momentum important, donc à ce moment-là, j’ai quitté ».
Et rapidement, le choix de cette nouvelle vie pleine de sens s’est porté vers l’économie circulaire.
« J’avais la conviction profonde qu’il fallait quitter cette société de fast consommation où tu extrais, tu produis, et tu jettes.
Christel, co-fondatrice de Yuman
Il faut, à un moment donné, y mettre un terme et redonner du sens à nos modes de consommation ».
« Une de mes amies m’a fait découvrir un projet de centre commercial intégralement orienté vers la seconde main en Suède et je me suis dit : ‘ Tiens, c’est peut-être un projet pour lequel je pourrais mobiliser mes compétences et tout ce qui me donne de l’énergie’.
Et ce qui m’a toujours donné de l’énergie, c’est animer des équipes vers un objectif, et je voulais le faire, cette fois, dans une activité qui a plus de sens pour moi.
Et donc c’est comme ça que ça a démarré.
J’ai interpellé deux anciens collègues qui étaient aussi assez enthousiastes et on s’est lancé dans l’aventure ».
Et quelle aventure !

Expériences partagées
Aujourd’hui, Yuman est un vrai succès, le fruit de plusieurs années de réflexion et de travail.
Mais, pour celles et ceux qui pensent, comme Christel, à changer de vie pour s’orienter vers une activité pleine de sens, nous lui avons demandé ce qu’elle referait différemment aujourd’hui.
Et ça, ce sont de précieux conseils.
Tester son projet sans tarder
« La première chose que je ferais autrement c’est tester plus vite. Les gens autour de nous nous ont dit ‘Faites un Pop-up Store pour tester, ça vous aidera à savoir si votre idée tient la route’ mais on a préféré peaufiner notre projet d’abord.
Et, finalement, on l’a fait mais ça faisait quand même une grosse année qu’on travaillait sur le projet et on commençait un peu à s’essouffler, justement parce qu’on n’avait rien de concret.
Donc vraiment, testez votre projet le plus vite possible.
Ça vous permet de voir rapidement s’il y a une vraie correspondance avec les besoins du marché. Ça vous permet également de rectifier le dire là où il y a lieu de le faire ».
La trésorerie, c’est très important
« Le deuxième conseil, c’est de faire attention à sa trésorerie.
Nous, nous sommes d’anciens banquiers donc on a été assez prudents. Et, quand tout allait bien, on s’est demandé : ‘ Mais finalement, est-ce qu’on a besoin de toute cette trésorerie ? ’.
Et puis la pandémie et le confinement sont arrivés.
Et là, on s’est rendu compte à quel point c’était important d’avoir les reins solides à ce niveau. Donc pour les entrepreneurs qui démarrent, je leur recommande de vraiment veiller sur leur trésorerie très précieusement, parce que tout peut arriver, on l’a vu ».
Physique et virtuel
« Enfin, le dernier partage d’expérience que je pourrais évoquer, c’est l’importance de penser son projet dès le début sous sa forme physique mais aussi sous sa forme virtuelle, online.
Nous, on est parti en se disant ‘ On veut créer une expérience en lançant des produits qui ne sont pas encore connus dans le marché, donc les toucher dans notre lieu physique ça fait sens’.
Mais finalement, je pense aujourd’hui qu’il faut vraiment disposer de ces deux piliers, quitte à se dire que le canal physique est le premier et le plus important. Mais comme ça, dans des périodes difficiles, tu as aussi ce second plier sur lequel tu peux compter.
Et aussi parce qu’on se rend compte qu’il y a toujours des clients qui préfèreront te joindre en ligne, simplement parce qu’ils n’ont pas le temps de se déplacer.
Donc vraiment, la dimension digitale doit vraiment avoir sa place directement dans le business model initial ».
Merci, Christel, pour ces bons tuyaux qui valent de l’or.
Au cœur de l’écosystème
Que ce soit par les liens privilégiés que Christel et Quentin ont noués avec les autres acteurs du secteur (en particulier, ceux dont ils vendent les produits) ou parce qu’ils gèrent ensemble l’une des activités les plus visibles et les plus fréquentées à Bruxelles, Yuman se trouve aujourd’hui au cœur de l’écosystème circulaire bruxellois.
Ils sont donc des témoins privilégiés de son fonctionnement.
Et ça, c’est intéressant.
La première chose que Christel a relevé à ce sujet, c’est le dynamisme des décideurs :
« Ce que je note tout d’abord, c’est vraiment la cohérence du politique par rapport à cette décision stratégique qui a été prise il y a quelques années déjà sur l’économie circulaire à Bruxelles.
Lorsque nous avons commencé à nous investir dans ce projet Yuman en 2017, il y avait déjà le Plan Régional en Economie Circulaire (PREC) et l’appel à projets Be.Circular.
Et, depuis, il y a eu un changement de gouvernement. Et pourtant, il y a eu une vraie continuité sur cette priorité donnée au développement de l’économie circulaire. Donc ça, je trouve que c’est vraiment un point très positif.
Et le fait d’avoir de la continuité fait qu’il y a de plus en plus de personnes qui s’investissent dans l’économie circulaire ».
« Je crois que Bruxelles a vraiment fait un choix et s’y tient.
CHRISTEL, CO-FONDATRICE DE YUMAN
On EN récoltera tous les fruits ».
Une autre tendance relevée par Christel de son regard avisé : l’apparition de nouveaux acteurs.
« C’est vrai. Il commence à y avoir des acteurs assez importants qui s’intéressent sérieusement à l’économie circulaire…
On a notamment rencontré récemment des gens qui sont dans l’immobilier. Et on sent que là aussi, il commence à y avoir de vrais projets de récupération des matériaux et de durabilité dans la façon dont on envisage les choses ».
Circlemade, la force du réseau
Pionnier du secteur, Yuman est aussi membre actif de circlemade, le cluster de hub.brussels consacré à l’économie circulaire bruxelloise.
Et, pour elle, ce dispositif joue aussi un rôle central dans le développement de l’économie circulaire dans notre région.
« Effectivement. En étant dans ce groupe, tu ne te sens pas seul, tu as vraiment autour de toi des entrepreneuses et entrepreneurs qui sont animé·e·s par la même vision, le même type d’objectifs, c’est-à-dire de développer une offre de produits et de services basés sur ce concept d’économie circulaire.
Sur cet angle-là, je pense que c’est vraiment un plus ».
« L’autre point superpositif, c’est tout ce que fait circlemade pour augmenter la visibilité de l’économie circulaire au bénéfice des membres ».
CHRISTEL, CO-FONDATRICE DE YUMAN
« On a réalisé, par exemple, une brochure de présentation de l’ensemble des offres du cluster qui a été diffusée de façon digitale, mais aussi physique.
Il y a énormément de choses qui sont faites en termes de communication. Sur les réseaux sociaux, par exemple, où nous sommes souvent mentionnés, avec un véritable impact positif pour notre visibilité.
Cela étant, c’est aussi important de s’intégrer à d’autres réseaux, comme le réseau Entreprendre à Bruxelles dont nous faisons aussi partie. Parce qu’il faut aussi voir ce que les entrepreneurs développent dans d’autres domaines. Ils ont aussi parfois beaucoup à nous apprendre ».
Le petit mot de Christel
Par son parcours étonnant et par la force du projet qu’elle mène avec Quentin, Christel fait partie de ceux dont la voix porte dans l’économie circulaire bruxelloise.
Et, chères lectrices et chers lecteurs, elle a eu un petit mot pour vous :
« Vraiment, pour celles et ceux d’entre vous qui se posent la question du sens de leur projet professionnel, n’hésitez pas à faire des choix radicaux, n’hésitez pas à changer éventuellement d’orientation si vous sentez le besoin de plus de sens dans votre vie professionnelle.
Moi j’ai changé de vie professionnelle à plus de 50 ans, donc tout est possible, pour peu qu’on décide de faire le pas en avant.
Et, surtout, croyez en vos rêves ! »
Merci, Christel ! Et Longue Vie à Yuman !
Crédit Images : Yuman
Cet article a été réalisé en partenariat avec hub.brussels, l’agence bruxelloise des entreprises.

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